Le millésime a débuté par un automne 2018 avec une pluviométrie très abondante. Il est tombé 328,1mm en octobre et novembre, contre 152,2mm habituellement ! A partir du mois de décembre, la pluie n’est tombée qu’épisodiquement, en raison notamment du Mistral qui a soufflé tout au long de la saison de manière intense avec un record enregistré à 119,9 km/h ! Le cumul des pluies est de fait resté déficitaire jusqu’aux vendanges.
Les mois de février et mars ont été particulièrement doux et nous redoutions un débourrement précoce des vignes. Heureusement, la fraîcheur d’altitude de notre vignoble de Gigondas a maintenu les bourgeons fermés un peu plus longtemps. Par la suite, le printemps frais et sec a continué de retarder le cycle végétatif. La floraison s’est bien déroulée avec une belle sortie de grappes : elle a débuté fin mai et s’est étalée sur une période de 2 à 3 semaines. Le Grenache a bien résisté cette année à la coulure.
Le millésime 2019 se distinguera par un été particulièrement chaud et sec, marqué par plusieurs épisodes caniculaires – dont un pic à 44.3°C fin juin. Ces fortes températures ont pu endommager le feuillage ou les grappes avec des phénomènes de brûlures. Malgré la sécheresse de ce millésime (aucune pluie de juin à septembre), les vignes de Romane ont moins souffert du stress hydrique que dans la plaine. En sous-sol, les argiles du Crétacé ont bien retenu les pluies de l’automne dernier. L’état sanitaire du vignoble est resté irréprochable durant toute la saison. Les feuilles sont restées vertes longtemps et nous commençons seulement à voir les couleurs automnales s’installer doucement.
Ce mois de septembre, comme ceux des quatre dernières années, a conservé une météo clémente, avec des amplitudes thermiques entre le jour et la nuit allant en augmentant. Cela a pour effet d’accélérer la maturation. Il faut donc rester vigilant pour vendanger des raisins avec un bon équilibre entre la maturité phénolique et le ratio sucres/acides, d’autant plus que la taille des baies est historiquement faible. Les raisins sont donc très concentrés, avec des pellicules épaisses offrant un potentiel en polyphénol intéressant. On retrouve cette année une bonne concentration en acides. Les pulpes sont charnues, laissant présager des vins avec beaucoup de rondeur en bouche. Les degrés probables sont restés en dessous de la moyenne des dernières années, chose plutôt surprenante pour cette année caniculaire ! Tous ces facteurs reflètent un bon potentiel pour la qualité des vins !
Nous avons commencé les vendanges dans notre vignoble de Gigondas le 7 septembre avec les parcelles destinées au Gigondas Romane Machotte rosé. Nous avons ensuite récolté les Syrah à partir du 16 septembre, suivies par les Clairette le 20. Nous sommes sur un calendrier de récolte « classique », avec 3-4 jours d’avance sur 2018 (qui était un millésime tardif). Deux pluies (35mm le 22 septembre et 17mm le 1er octobre) ont apporté un peu de fraîcheur et ont été bénéfiques pour la vigne et pour les jus. Nous avons alors continué avec les Grenache pour nos cuvées de Gigondas rouge le 23 septembre ; les parcelles pour notre Gigondas Le Pas de l’Aigle ont été vendangées à partir du 2 octobre. La récolte se terminera comme chaque année avec les Mourvèdre pour la cuvée Domaine Grand Romane.
Les baies étant petites cette année, nous avons accentué le foulage, c’est-à-dire l’éclatement des baies avant de les mettre en cuve, car elles n’ont pas beaucoup de jus. Cela permet également d’éviter lors du pressurage, le relargage de sucres restés présents dans les baies après la fermentation alcoolique.
Les premières cuves fermentent lentement et dans de bonnes conditions car les raisins ont une bonne composition. Cela nous laisse le temps de travailler les moûts avec des remontages et des délestages quand le degré d’alcool est encore bas pour ne pas trop extraire les tanins durs. En effet, l’alcool est le principal facteur d’extraction des tanins. Nous laissons ensuite les fermentations alcooliques se finir tranquillement avec des infusions de marc – l’alcool alors présent risquerait d’extraire trop de tanins.
La dégustation des premiers jus montre de beaux équilibres avec une acidité conservée et des tanins présents mais souples. Les Grenache sont très expressifs avec des notes de garrigue. Les Syrah ont gardé beaucoup d’acidité et possèdent un profil minéral et tendu. Ces premières impressions vont bien sûr encore évoluer après les fermentations malolactiques, qui s’enclenchent facilement cette année, et après l’élevage qui va venir parfaire les cuvées ! Mais tous ces éléments présagent déjà d’un très beau potentiel pour ce millésime.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à aller écouter l’interview faite sur France Bleu Vaucluse un matin de vendange : https://www.francebleu.fr/emissions/le-baladeur-du-matin/vaucluse/depuis-gigondas-pour-nous-faire-vivre-une-journee-vendange-au-domaine-amadieu